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Thursday, January 2, 2014

Horrall on Dorothy Cameron 1965 obscenity trial

New in the Journal of Canadian Art HistoryAdult Viewing Only": Dorothy Cameron's 1965 Trial for Exhibiting Obscene Pictures" by LAC archivist Andrew Horrall.

The article discusses the 1965 obscenity trial involving the Toronto, Ontario art dealer Dorothy Cameron. The case revolved around the exhibition "Eros 65" held at Cameron's gallery, which featured erotic works of art by various young Canadian artists, including Robert Nelson Markle. Police raided the gallery shortly after the exhibition's opening, removing seven artworks deemed obscene. The author traces the protracted legal battle that ensued, which resulted in Cameron's conviction. The article discusses the importance of the trial in Canadian art history and pays particular focus to the dissenting opinion presented by judge Bora Laskin.
Au début des années 1960, Dorothy Cameron, galeriste à Toronto, défend l'art canadien. Elle s'intéresse aux jeunes artistes torontois et cherche à créer un marché pour l'art contemporain canadien. La scène artistique torontoise est en pleine effervescence : toute une génération de peintres, de sculpteurs et d'artistes en tout genre se laissent inspirer par leur ville natale et décident d'y demeurer pour affirmer leur talent. En compagnie d'aùtres galeristes, Dorothy Cameron met cette esthétique urbaine à l'honneur dans des expositions qui bousculent ceux pour qui l'art canadien se résume essentiellement aux représentations du Bouclier canadien. En mai 1965, la police visite la galerie de la rue Yonge au cours des premiers jours d'une exposition sur l'amour intitulée Eros 65, après avoir reçu une seule plainte d'une personne présente au vernissage. L'escouade des moeurs examine les oeuvres exposées, saisit sept tableaux qu'elle juge obscènes et accuse Cameron d'avoir exposé du matériel obscène en public. L'intervention policière témoigne des tensions qui opposent alors les jeunes artistes et la contre-culture émergente aux groupes conservateurs plus âgés à Toronto. Dans les jours suivant la descente, la police est fortement critiquée et ridiculisée dans la presse et à la télévision par des citoyens incrédules qui n'arrivent pas à imaginer qu'on puisse assimiler des œuvres d'art sérieuses à la pornographie. Les partisans de Cameron sont en grande partie des amateurs d'art avertis, persuadés que l'évaluation objective des tableaux par un juge réfuterait la présomption d'obscénité. La galeriste refuse donc l'offre du procureur de la Couronne d'abandonner les poursuites, préférant se défendre contre ce qu'elle considère comme un acte de censure injustifié qui risque d'ouvrir la voie à d'autres attaques à l'endroit de l'expression artistique. Pendant le procès, la Couronne soutient que les tableaux sont obscènes parce qu'ils illustrent des actes hétérosexuels autant que lesbiens. L'avocat de Cameron fonde sa défense sur celle qui avait réussi en Grande-Bretagne et au Canada à réfuter les accusations d'obscénité portées contre le roman L'Amant de Lady Chatterley de D.H. Lawrence. Il fait appel à cinq experts en art qui expliquent en quoi les tableaux saisis sont des œuvres d'art sérieuses qui s'inscrivent dans la tradition artistique occidentale. Le juge n'est pas convaincu et condamne la galeriste en novembre 1965. Même si l'amende imposée est relativement légère, le jugement choque les partisans de Cameron, qui décide de porter la cause en appel. Sa démarche est appuyée par la toute nouvelle Association canadienne des libertés civiles. La condamnation de Dorothy Cameron suscite une nouvelle vague de moqueries dans la presse et sur les ondes, notamment à l'émission This Hour Has Seven Days, revue d'actualité satirique controversée diffusée à la CBC. Robert Markle (1936-1990), artiste émergent de Toronto et auteur de cinq des tableaux saisis, n'arrive pas à comprendre que ses œuvres puissent être taxées d'obscénité. D'autres craignent que la condamnation ne crée un précédent qui autoriserait la saisie éventuelle d'œuvres d'art légitimes au prétexte qu'elles auraient heurté la sensibilité d'un seul spectateur. Puisqu'ils ne peuvent présenter de nouvelles preuves lors de l'appel, les avocats de Cameron tentent de développer l'argumentaire fondé sur la tradition artistique qui avait été invoqué à propos du procès. En vain. Dans un jugement partagé, la Cour d'appel de l'Ontario rejette l'appel. La majorité des juges statue que les tableaux sont manifestement obscènes et contraires aux normes sociales. Selon eux, le regroupement des œuvres incriminées dans l'exposition Eros 65 en a accentué l'effet d'obscénité. Néanmoins, Bora Laskin, dernier juge nommé à la Cour et cadet de la magistrature, présente une vibrante opinion dissidente soutenant que l'art a pour fonction sociale de remettre en cause les idées et les opinions préconçues. Son opinion ouvre la voie à une éventuelle requête devant la Cour suprême du Canada. Cependant, le stress et la pression de la bataille juridique ont raison de la pugnacité de Dorothy Cameron, qui ferme sa galerie. L'art contemporain canadien perd alors une importante ambassadrice. Sa condamnation n'a toutefois pas eu les conséquences que redoutaient les défenseurs de la galeriste; en effet, on ne l'a jamais invoquée par la suite pour interdire des expositions. Par ailleurs, l'opinion dissidente de Bora Laskin est devenue l'un des arguments les plus cités dans les procès pour obscénité partout dans le monde.

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